Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/152

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hommes, soumise au sentiment. Si les gens froids ne sont pas sujets à des écarts aussi fréquents que l’homme passionné, c’est qu’ils ont en eux moins de principes de mouvement. Ce n’est en effet qu’à la foiblesse de leurs passions qu’ils doivent leur sagesse. Cependant quelle haute estime n’en conçoivent-ils pas d’eux-mêmes ! quel respect ne croient-ils pas inspirer au public, qui ne les laisse jouir dans leur petite société du titre d’hommes sensés, et ne les cite point comme fous, que parce qu’il ne les nomme jamais. Comment peuvent-ils, sans honte, passer ainsi leur vie à l’affût des ridicules d’autrui ? S’ils en découvrent dans l’homme de génie, et que cet homme commette la faute la plus légere, fût-ce de mettre, par exemple, à trop haut prix les faveurs d’une femme, quel triomphe pour eux ! Ils en pren-