Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/154

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la force par laquelle il est entraîné : mais pour cet effet il faudroit connoître et la puissance des passions et le degré de courage nécessaire pour y résister. Or tout homme qui s’arrête à cet examen s’apperçoit bientôt que les passions seules peuvent combattre contre les passions ; et que ces gens raisonnables qui s’en disent vainqueurs donnent à des goûts très foibles le nom de passions, pour se ménager les honneurs du triomphe. Dans le fait ils ne résistent point aux passions, mais ils leur échappent. La sagesse n’est point en eux l’effet de la lumiere, mais d’une indifférence comparable à des déserts également stériles en plaisirs comme en peines. Aussi ne sont-ils point heureux. L’absence du malheur est la seule félicité dont ils jouissent ; et l’espece de raison qui les guide sur la mer de la vie humaine ne