Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/155

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leur en fait éviter les écueils qu’en les écartant sans cesse de l’île fortunée du plaisir. Le ciel n’arme les hommes froids que d’un bouclier pour parer, et non d’une épée pour conquérir.

Que la raison nous dirige dans les actions importantes de la vie, je le veux ; mais qu’on en abandonne les détails à ses goûts et à ses passions. Qui consulteroit sur tout la raison, seroit sans cesse occupé à calculer ce qu’il doit faire, et ne feroit jamais rien ; il auroit toujours sous les yeux la possibilité de tous les malheurs qui l’environnent. La peine et l’ennui journalier d’un pareil calcul seroient peut-être plus à redouter que les maux auxquels il peut nous soustraire.

Au reste, quelques reproches qu’on fasse aux gens d’esprit, quelque attentive que soit l’envie à déprimer les gens de génie, à découvrir en eux de