Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/160

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et qu’il est même certains vices de l’esprit attachés à certains états. Qu’un homme occupe un poste important ; qu’il ait par jour cent affaires à juger : si ses jugements sont sans appel, s’il n’est jamais contredit, il faut qu’au bout d’un certain temps l’orgueil pénetre dans son ame, et qu’il ait la plus grande confiance en ses lumieres. Il n’en sera pas ainsi, ou d’un homme dont les avis seront par ses égaux débattus et contredits dans un conseil, ou d’un savant qui, s’étant quelquefois trompé sur les matieres qu’il a mûrement examinées, aura nécessairement contracté l’habitude de la suspension d’esprit[1] ; suspension qui,

  1. Il seroit peut-être à desirer qu’avant que de monter aux grandes places les hommes destinés à les remplir composassent quelque ouvrage : ils en sentiroient mieux la difficulté de bien faire ;