Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/161

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fondée sur une salutaire méfiance de nos lumieres, nous fait percer jusqu’à ces vérités cachées que le coup-d’œil superficiel de l’orgueil apperçoit rarement. Il semble que la connoissance de la vérité soit le prix de cette sage méfiance de soi-même. L’homme qui se refuse au doute est sujet à mille erreurs : il a lui-même posé la borne de son esprit. On demandoit un jour à l’un des plus savants hommes de la Perse comment il avoit acquis tant de connoissances : En demandant sans peine, répondit-il, ce que je ne savois pas. « Interrogeant un jour un philosophe, dit le poëte Saadi, je le pressois de me dire de qui il avoit tant appris : Des aveugles, me ré-

    ils apprendroient à se méfier de leurs lumieres ; et, faisant aux affaires l’application de cette méfiance, ils les examineroient avec plus d’attention.