Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/169

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n’estime jamais dans les autres que des idées analogues aux siennes, le respect qu’on a pour l’esprit est toujours proportionné à l’esprit qu’on a. L’on ne célebre les grands hommes que lorsqu’on est soi-même fait pour l’être. Pourquoi César pleuroit-il en s’arrêtant devant le buste d’Alexandre ? C’est qu’il étoit César. Pourquoi ne pleure-t-on plus à l’aspect de ce même buste ? C’est qu’il n’est plus de César.

On peut donc, sur le degré d’estime conçu pour les grands hommes, mesurer le degré de passion qu’on a pour la gloire, et se déterminer en conséquence sur le choix de ses études. Le choix est toujours bon lorsqu’en quelque genre que ce soit la force des passions est proportionnée à la difficulté de réussir. Or il est d’autant plus difficile de réussir en un genre, que plus d’hommes se sont exercés dans ce