Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/204

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suivi : le musulman zélé qui le premier annonça la loi du divin prophete, et brava les fureurs des tyrans, prit-il garde en marchant au supplice s’il étoit suivi d’autres martyrs ? La vérité parloit à son cœur : il lui devoit un témoignage authentique ; il le lui rendoit. Doit-on moins à l’humanité qu’à la religion ? et les dogmes sont-ils plus sacrés que les vertus ? Mais souffrez que je vous interroge à votre tour. Si je m’associois aux Arabes qui pillent nos caravanes, ne pourrois-je pas me dire à moi-même : Soit que je vive avec ces brigands, ou que je m’en sépare, les caravanes n’en seront pas moins attaquées : vivant avec l’Arabe, j’adoucirai ses mœurs ; je m’opposerai du moins aux cruautés inutiles qu’il exerce sur le voyageur. Je ferai mon bien sans ajouter au malheur public. Ce raisonnement est le vôtre ; et, si