Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/203

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vous égare : vous vous perdriez, et les peuples ne seroient point soulagés ; le divan nommeroit à votre place un homme qui, moins humain, l’exerceroit avec plus de dureté. — Oui, sans doute, l’injustice se commettroit ; mais je n’en serois pas l’instrument. L’homme vertueux chargé d’une administration, ou fait le bien, ou se retire ; l’homme plus vertueux encore, et plus sensible aux miseres de ses concitoyens, s’arrache du sein des villes ; c’est dans les déserts, les forêts, et jusques chez les sauvages, qu’il fuit l’aspect odieux de la tyrannie, et le spectacle trop affligeant du malheur de ses égaux. Telle est la conduite de la vertu. Je n’aurois point, dites-vous, d’imitateurs ; je l’ignore : l’ambition en secret vous en assure, et ma vertu m’en fait douter. Mais je veux qu’en effet mon exemple ne soit pas