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NOTES DE LA SECTION I.

peinture d’un ridicule ; rien de mieux. Tout excellent tableau de cette espece suppose beaucoup d’esprit dans le peintre qui le dessine. Que lui doit la société ? Un tribut de reconnoisance et d’éloges proportionné au mal dont la délivre le ridicule jeté sur tels défauts. Une nation qui mettroit de l’importance à ce service se rendroit elle-même ridicule. « Qu’importe, dit un Anglais, que tel bourgeois soit singulier dans son humeur, tel petit-maître recherché dans ses habits, que telle coquette enfin soit minaudiere ? elle peut rougir, blanchir, moucheter, son visage, et coucher avec son amant, sans envahir ma propriété, ou diminuer mon commerce. L’ennuyeux froissement d’un éventail qui s’ouvre et se referme sans cesse n’ébranle point nos constitutions ». Une nation trop occupée de la coquetterie d’une femme ou de la fatuité d’un petit-maître est à coup sûr une nation frivole.

(9) Toutes les nations ont reproché aux