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NOTES DE LA SECTION I.

c’est la force de nos desirs qui détermine celle de nos vices et de nos vertus. Un homme sans desir et sans besoin est sans esprit et sans raison ; nul motif ne l’engage à combiner ni à comparer ses idées entre elles. Si les souverains sont en général si peu éclairés, c’est que l’esprit est fils du desir et du besoin. Exiger des lumieres d’un despote, c’est vouloir un effet sans cause. Compter dans un gouvernement arbitraire sur l’esprit d’un monarque né sur le trône, c’est folie. L’histoire ne compte communément au nombre des grands rois que ceux d’entre les princes dont l’éducation fut dure, et qui d’ailleurs eurent une fortune à faire et mille obstacles à surmonter. Les propre des gouvernements despotiques est d’affoiblir dans l’homme le mouvement des passions. Aussi la consomption est-elle la maladie mortelle de ces empires ; aussi les peuples soumis à cette forme de gouvernement n’ont-ils communément ni l’audace ni le courage des républicains. Ces derniers