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SECTION II, CHAP. II.

qu’il éprouve à la présence de deux objets. Or, sans le secours d’une mémoire conservatrice des impressions reçues, comment appercevoir des différences, même entre des impressions présentes, et qui à chaque instant seroient et senties et de nouveau oubliées ? Il n’est donc point de jugement, d’idées, ni d’esprit, sans mémoire. L’imbécille qu’on assied sur le pas de sa porte n’est qu’un homme qui a peu ou point de mémoire. S’il ne répond pas aux questions qu’on lui fait, c’est ou parceque les diverses expressions de la langue ne lui rappellent plus d’idées distinctes, ou parcequ’en écoutant les derniers mots d’une phrase il oublie ceux qui les précedent. Consulte-t-on l’expérience ? on reconnoît que c’est à la mémoire (dont l’existence suppose la faculté de sentir) que l’homme doit et ses idées et