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SECTION II, CHAP. V.

dans toutes les langues, créé tant de ces mots adjectifs et substantifs, à-la-fois si vagues et si utiles[1]. Prenons pour exemple de ces expressions insignifiantes celle de ligne, considérée en géométrie indépendamment de sa longueur, largeur, et épaisseur : ce mot en ce sens ne rappelle aucune

  1. Dans la composition de la langue d’un peuple civilisé il entre toujours une infinité de pronoms, de conjonctions, enfin de ces mots qui, vuides de sens en eux-mêmes, empruntent leurs différentes significations des expressions auxquelles on les unit, ou des phrases dans lesquelles on les emploie. L’invention de la plupart de ces mots est due à la crainte qu’eurent les peuples de trop multiplier les signes de leurs langues, et au desir de se communiquer plus facilement leurs idées. Si les hommes, en effet, eussent été obligés de créer autant de mots qu’il est de choses auxquelles on