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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 8.djvu/116

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SECTION II, CHAP. XXI.

turelle n’est autre chose que la raison même (35). Or, comment croire à sa raison lorsqu’on s’en est défendu l’usage ? Qui peut d’ailleurs appercevoir les préceptes de la loi naturelle à travers le nuage mystérieux dont le corps sacerdotal les enveloppe ? Cette loi est le canevas de toutes les religions ; mais le prêtre a sur ce canevas brodé tant de mysteres, que la broderie en a entièrement couvert le fond. Qui lit l’histoire y voit la vertu des peuples diminuer en proportion que leur superstition s’augmente[1]. Un pays où l’on ne trouve d’hommes instruits que dans l’ordre sacerdotal est un pays où

  1. La superstition est encore aujourd’hui la religion des peuples les plus sages. L’Anglais ne se confesse, ni ne fête les saints. Sa dévotion consiste à ne point travailler, à ne point chanter, le dimanche. L’homme qui ce jour-là joueroit