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SECTION II, CHAP. XXIII.

vertes ; il ouvre un chemin, et les esprits communs se précipitent en foule après lui. Ils ont donc en eux la force nécessaire pour le suivre ; sans cette force, le génie y pénétreroit seul. Cependant son unique privilege fut d’en frayer le premier la route.

Mais quel est l’instant où les plus hautes vérités deviennent à la portée des esprits les plus communs ? C’est celui où, dégagées de l’obscurité des mots et réduites à des propositions plus ou moins simples, elles ont passé de l’empire du génie dans celui des sciences. Jusques là, semblables à ces ames errant dans les demeures célestes, attendant l’instant qu’elles doivent animer un corps et paroître à la lumiere, les vérités encore inconnues errent dans les régions des découvertes, attendant que le génie les y saisisse et les transporte au séjour