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SECTION II, CHAP. XI.

d’étendue qu’on ne pense. En Allemagne et en Angleterre, presque point d’homme bien élevé qui ne sache trois ou quatre langues. Or, si l’étendue de ces langues est comprise dans le plan ordinaire de l’instruction, elle ne suppose donc qu’une organisation commune. Tous les hommes sont donc doués par la nature de plus de mémoire que n’en exige la découverte des plus grandes vérités. Sur quoi j’observerai que, si la supériorité de l’esprit, comme le remarque M. Hobbes, consiste principalement dans la connoissance de la vraie signification des mots, et s’il n’est point d’homme qui, dans la seule méditation de ceux de sa langue, ne trouve plus de questions à discuter qu’il n’en résoudroit dans le cours d’une longue vie, personne ne peut se plaindre de sa mémoire. Il en est, dit-on, de vives et de lentes.