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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 8.djvu/185

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DE L’HOMME.

évident pour moi si je l’ai vu, si j’ai porté à son examen toute l’attention nécessaire pour m’assurer de sa réalité, n’est pas même probable pour qui ne l’a pas vu. Il est plus raisonnable de douter de ma véracité que de croire à l’existence d’un animal si extraordinaire. Mais si, d’après les voyageurs, je décris la véritable forme des édifices de Pékin, cette description, évidente pour ceux qui l’habitent, n’est que plus ou moins probable pour les autres. Aussi le vrai n’est-il pas toujours évident, et le probable est-il souvent vrai. Mais en quoi l’évidence differe-t-elle de la probabilité ? Je l’ai déja dit : « Évidence est un fait qui tombe sous nos sens et dont tous les hommes peuvent à chaque instant vérifier l’existence. Quant à la probabilité, elle est fondée sur des conjectures, sur le témoignage des hommes, et sur cent preuves de cette espece. Évidence est un point unique. Il n’est point divers degrés d’évidence ; il est au contraire divers