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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 8.djvu/226

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SECTION IV, CHAP. II.

postérité (6). Le fondateur d’une telle puissance met son royaume à fonds perdu : ce n’est que l’intérêt viager et mal entendu de la royauté, c’est-à-dire celui de l’orgueil, de la paresse, ou d’une passion semblable, qui fait préférer l’exercice d’un despotisme injuste et cruel sur des esclaves malheureux à l’exercice d’une puissance légitime et bien aimée (7) sur un peuple libre et fortuné. Le pouvoir arbitraire est un enfant sans prévoyance qui sacrifie sans cesse l’avenir au présent.

Le plus redoutable ennemi du bien public n’est point le trouble, ni la sédition, mais le despotisme (8). Il change le caractere d’une nation, et toujours en mal ; il n’y porte que des vices. Quelle que soit la puissance d’un sultan des Indes, il n’y créera jamais de citoyens magnanimes. Il ne trouvera jamais dans ses esclaves les vertus