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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 8.djvu/244

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SECTION IV, CHAP. VI.

ne peuvent souffrir de concurrents, ne veulent entrer en partage d’estime avec aucun de leurs concitoyens, et oublient qu’au banquet de la gloire il faut, si je l’ose dire, que chacun ait sa portion !

Les ames même les plus nobles prêtent quelquefois l’oreille à l’envie : elles résistent à ses conseils, mais non sans efforts. La nature a fait l’homme envieux. Vouloir le changer c’est vouloir qu’il cesse de s’aimer ; c’est vouloir l’impossible. Que le législateur ne se propose dont point d’imposer silence à sa jalousie, mais d’en rendre la rage impuissante, et d’établir, comme en Angleterre, des lois propres à protéger le mérite contre l’humeur du ministre et le fanatisme du prêtre. C’est tout ce que la sagesse peut en faveur des talents. Tous les siecles ont déclamé contre ce vice.