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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 8.djvu/258

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SECTION IV, CHAP. VIII.

Or s’il est des sauvages dont la langue ne s’étend point encore au-delà

    et récompense attachés à son observation ou à son infraction. »

    Cette définition donnée, l’homme qui viole chez un peuple policé une convention non encore revêtue de cette sanction n’est point punissable ; cependant il est injuste. Mais pouvoit-il l’être avant l’établissement de toutes conventions et la formation d’une langue propre à l’exprimer ? Non ; parceque, dans cet état, l’homme n’a d’idées ni de la propriété, ni par conséquent de la justice.

    Que nous apprend l’expérience, à laquelle, en morale comme en physique, il faut soumettre les théories les plus ingénieuses, et qui seule en constate la vérité ou la fausseté ? C’est que l’homme a des idées de la force avant d’en avoir de la justice ; c’est qu’en général il est sans amour pour elle ; c’est que, même dans les pays policés où l’on parle toujours