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DE L’HOMME.

(52) Gêner la presse, c’est insulter une nation ; lui défendre la lecture de certains livres, c’est la déclarer esclave ou imbécille.

(53) L’âge où l’on parvient aux grandes places est souvent celui où l’attention devient le plus pénible. À cet âge, qui me contraint d’étudier est mon ennemi. Je veux bien pardonner aux poëtes leurs beaux vers ; je puis les lire sans attention : mais je ne pardonne point au moraliste ses bons raisonnements. L’importance des sujets qu’il traite m’oblige de réfléchir. Combat-il mes préjugés ? il blesse mon orgueil ; il m’arrache d’ailleurs à ma paresse, il me force à penser, et toute contrainte produit haine.

(54) Le terrain du despotisme est fécond en misere comme en monstres. Le despotisme est un luxe de pouvoir inutile au bonheur du souverain.

Que sont les grands de l’Europe ? Des hommes qui joignent à la qualité d’esclaves celle d’oppresseurs des peuples ;