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SECTION V, CHAP. I.

On voit que si, dans la troisieme de ces propositions, M. Rousseau croit l’idée de la vertu innée, il la croit acquise dans la quatrieme ; et il a raison. Ce n’est qu’une parfaite législation qui donneroit à tous les hommes une idée parfaite de la vertu, et qui les nécessiteroit à l’honnêteté.

Tous seroient justes, si le ciel eût, dès le berceau, gravé dans tous les cœurs les vrais principes de la législation. Il ne l’a point fait.

Le ciel a donc voulu que les hommes dussent à leur méditation l’excellence de leurs lois ; que la connoissance de ces lois fût une acquisition, et le produit du génie perfectionné par le temps et l’expérience. En effet, dirois-je à M. Rousseau, s’il étoit un sentiment inné de justice et de vertu, ce sentiment, comme celui de la douleur et du plaisir physique, seroit