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SECTION IV, CHAP. XV.

dans leur maison. Ces fous sont les derniers sages qu’on ait soufferts auprès des grands. Veut-on s’en approcher ? veut-on leur être agréable ? que faire ? Parler comme eux, et les fortifier dans leurs erreurs. Ce rôle n’est pas celui d’un homme éclairé, franc, et loyal. Il parle et pense d’après lui. Les grands le savent, et l’en haïssent : ils sentent à cet égard la borne de leur autorité. C’est aux hommes de cette espece qu’il est sur-tout défendu de penser et d’écrire sur les matieres d’administration. Qu’en arrive-t-il ? Privés du conseil de gens instruits, les rois sacrifient à la crainte momentanée de la contradiction leur puissance réelle et durable. En effet, si le prince n’est fort que de la force de sa nation, si la nation n’est forte que de la sagesse de son administration, et si les hommes chargés de cette adminis-