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SECTION IV, CHAP. XVI.

n’entendra pas ! que de sottises les écrivains ne diront-ils pas ! Tant mieux ; ils en laisseront moins à faire aux visirs. La critique relevera les erreurs de l’auteur, le public s’en moquera ; c’est toute la punition qu’il mérite. Si la législation est une science, sa perfection doit être l’œuvre du temps et de l’expérience. En quelque genre que ce soit, un excellent livre en suppose une infinité de mauvais. Les tragédies de la passion durent précéder celles d’Héraclius, de Phedre, de Mahomet, etc. Que la presse cesse d’être libre (50) ; l’homme en place, non averti de ses fautes, en commettra sans cesse de nouvelles ; il fera presque toutes les sottises que l’écrivain eût dites (51). Or, il importe peu à une nation qu’un auteur dise des sottises ; c’est tant pis pour lui : mais il lui importe beaucoup que le