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DE L’HOMME,

different d’opinions, aucun d’eux ne s’insulte, parcequ’on offense rarement celui qu’on croit ne pouvoir impunément offenser.

À quelles causes attribuer entre militaires la politesse des disputes ? à la crainte du duel ; entre les gens de lettres ? à la crainte du ridicule. Nul ne veut être confondu avec les pédants de college.

Des lois séveres peuvent réprimer l’intolérance comme le vol. Que, libre dans mes goûts et mes opinions, la loi me défende d’insulter à ceux d’autrui, mon intolérance enchaînée par les édits du magistrat ne se portera point à des violences ; mais que le gouvernement m’affranchisse de la crainte du duel, du ridicule et des lois, mon intolérance non contenue me rendra de nouveau cruel et barbare.