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SECTION IV, CHAP. XIX.

n’eut sans doute rien de criminel. Dans quel moment les chrétiens mériterent-ils la haine et le mépris des nations ? lorsque, brûlant le temple des idoles, ils voulurent par la violence arracher le païen à la religion qu’il croyoit la meilleure. Quel étoit le but de cette violence ? La force impose silence à la raison, elle proscrit tel culte rendu à la divinité ; mais que peut-elle sur la croyance ? Croire suppose des motifs pour croire ; la force n’en est point un : or, sans motif on ne croit pas réellement ; c’est tout au plus si l’on croit croire (68).

Tout prêtre qui, sous le nom d’ange de paix, excite les hommes à la persécution, n’est donc point, comme on le croit, dupe d’un zele stupide (69) et mal entendu. Ce n’est point à son zele, c’est à son ambition, qu’il obéit.