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DE L’HOMME,

priser en face. Le mépris secret prouve foiblesse, et celui dont on se targue en pareil cas n’est que la vanterie d’une haine impuissante (35). L’homme en place est le géant moral ; il est toujours honoré. L’hommage rendu à la vertu est passager ; celui qu’on rend à la force est éternel. Dans les forêts c’est le lion et non le cerf qu’on respecte. La force est tout sur la terre. La vertu sans crédit s’y éteint. Si dans les siecles d’oppression elle a quelquefois jeté le plus grand éclat ; si, lorsque Thebes et Rome gémissoient sous la tyrannie, l’intrépide Pélopidas, le vertueux Brutus, naissent et s’arment, c’est que le sceptre étoit encore incertain dans les mains du tyran ; c’est que la vertu pouvoir encore ouvrir un chemin à la grandeur et à la puissance. N’y fraie-t-elle plus de route ? le tyran s’est-il, à la faveur du luxe et de