Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 9.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
93
NOTES DE LA SECTION IV.

sans contredit celle où l’innocence est le plus à l’abri de la corruption et de la partialité des juges ; c’est la meilleure. Pourquoi n’est-elle pas adoptée ? pourquoi les magistrats n’en sollicitent-ils pas l’admission ? C’est qu’ils imaginent que plus leurs sentences seront arbitraires, plus ils inspireront de crainte, et plus ils acquerront de pouvoir sur le peuple. L’amour tant vanté de l’équité n’est donc ni naturel ni commun aux hommes. Comment se dire ami de l’humanité, lorsqu’on ne l’est pas même de la justice ?

(30) L’idée de bonheur, étroitement liée dans notre mémoire à l’idée de puissance, en peut être difficilement séparée. On respecte jusqu’à l’apparence du pouvoir ; c’est à ce sentiment qu’on doit peut-être une certaine admiration pour le suicide : on suppose une grande puissance à qui méprise assez la vie pour se donner la mort. À quelle autre cause, sinon à l’amour du pouvoir, doit-on attribuer l’ex-