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pœuf.

nier, plantée sur son grand corps, dans le jaune éclairage de ses fourneaux.

— Le diable t’emporte ! reprit bientôt mon père. — Comment ! c’est tout ce qu’une pareille nouvelle te fait ?

Oui, c’était, pour la minute, à peu près tout ce que me faisait la nouvelle.

— Tu ignores donc que Pœuf sera sans doute fusillé ?

J’ignorais.

— Allons, tiens ! va te coucher, me fut-il ordonné rudement. — Tu n’as pas de cœur.

J’étais triste cependant, mais d’une tristesse inerte qui, en d’autres circonstances, toujours avait commencé par surgir très loin en moi, puis avait eu besoin de réflexion et de silence pour s’accroître, d’énervée solitude et d’un effort d’imagination pour m’envahir. J’étais même d’une telle tristesse, après avoir ainsi reçu l’avis de déguerpir, que je ne cherchai pas à me révolter, et que j’abandonnai ma-