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pœuf.

quiétude, un indéfinissable frisson aux vertèbres, une appréhension de vertige dans les yeux, au diable, sous soi, de torrents qui grondaient à l’ombre de feuillages massifs comme des aqueducs, on ne percevait qu’un gazouillis sylvestre, qu’un murmure discret de ruisseau.

— Pœuf, prête-moi donc ta badine, disais-je quelquefois.

— Ma badine ?… Y vous la faut ?… Parions que c’est pour me plaquer là, comme l’aut’jour ! faisait-il.

— Non… je t’assure, Pœuf… Non, non… Prête-la-moi, tu verras !… C’est seulement pour m’amuser.

— Vous m’promettez de n’pas vous défiler ?

— Je te le promets.

— Vrai de vrai ?

— Vrai de vrai.

— Eh ben, la v’là.


Oh ! les badines, les superbes badines de Pœuf ! Blanc sur noir, celles-ci ouvrées de rubans, celles-là lisérées d’anneaux, plusieurs entaillées de croix, beaucoup tigrées de rondelles ou longuement parcourues de rayures, elles me donnaient l’irrésistible envie de les mettre à l’épreuve.

— Hop ! hop ! Clémence, au galop ! m’écriais-je alors, le bras levé, sans plus me soucier de ma parole.