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PŒUF.

Nous restâmes silencieux ; les canards se mordillaient les plumes ; puis, sur une poussée de souvenirs, au moment où je me préparais à savoir de Marie si elle avait connu Pœuf, si elle se le rappelait, nos intentions se rencontrèrent et elle me demanda :

— Pœuf… le soldat qui a tué un autre soldat… est-ce que c’est celui que j’ai vu à ta porte ?… Celui qui avait une grande, grande barbe ?

— Oui, déclarai-je, — mais ce n’est pas un soldat, c’est un sapeur.

— Un sapeur ?

— Les sapeurs ont des haches. Tu sais bien ?… C’est eux qui ont un tablier blanc, et qui marchent devant la fanfare.

— N’importe ! continua-t-elle, — tu as joliment pleuré, n’est-ce pas ? quand on t’a dit qu’il était en prison. Moi, je pleurerais joliment si on menait ma négresse en prison.