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PŒUF

Mon chagrin cessa d’exploser à la longue, mes larmes de s’épandre ; mais comme j’avais le visage mouillé, Marie me le sécha.

Et ma poitrine fut moins oppressée, ma tête plus légère, et, pour avoir pleuré mon soûl, de toutes mes fibres commença de se dégager une sorte de bien-être spécial : le bien-être des gens qui ont repris leur naturel.

Les canards dormaient ; une chaleur humide s’enlevait du bassin, et Marie, à mon côté, tenait une de mes mains entre les siennes.

Eh bien ? m’écriai-je alors, afin de ne plus garder le silence.

Elle arrondit ses lèvres et m’embrassa.

Je l’embrassai à mon tour, — elle inclina vers moi, — je l’embrassai de nouveau, — frissonnante, elle avait rentré son cou dans ses épaules ; — et j’allais lui dire : Mon Dieu, Marie, que je t’aime ! quand, sur la véranda, deux voix crièrent à l’unisson ;

— Marie !… les enfants !… Où étes-vous ?… Revenez !

Nous répondîmes :

— Tout de suite !… Nous sommes ici !

Et, l’imagination contrite, sans même échanger un traître mot, d’abord au pas de course, puis à