un peu trop rudement, la main de mon père.
— Pourquoi bats-tu cet enfant ?
— Parce qu’il m’a jeté un gros caillou et qu’il a dit du mal de… de…
Je m’arrêtai.
— Du mal de qui ?
— Du mal de Robert, déclarai-je avec aplomb.
Mon père gronda :
— Tu n’es qu’un drôle !… Robert n’a nul besoin de toi pour le défendre !… Ne t’avise plus de galopiner ainsi, ou tu auras affaire à moi !
Et nous rejoignîmes la maison.
— André n’est pas blessé ? demanda ma mère.
Loin d’être blessé, André s’était battu comme un beau diable !
Et je ne fus pas autrement réprimandé, sans doute à cause de ma victoire, — les familles aiment les braves ! — et, le soir venu, tout à la volupté de mon triomphe, — j’avais calmé mes nerfs, — je finis par moins me plaindre de Marie.
Un mois s’écoula encore. — On m’obligeait à travailler ferme ; je progressais ; l’amour ne me harcelait plus ; et, ma conduite ne laissant rien à désirer, on avait satisfait un de mes plus chers désirs : celui de monter Grenat, le cheval favori de mon père. Foin des ânes étiques de la caserne ! c’était sur une bête plantu-