Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/116

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pons, j’ai vu tout cela à travers le flot de sueur qui me coulait du front dans les yeux, par-dessus le pauvre barrage des sourcils. Quelle lumière ! quelle chaleur ! J’ai fait là, les pieds dans les sables du désert de Lybie, d’étonnantes observations sur la propriété qu’a le saindoux de se liquéfier et de reprendre corps. Le soleil me posait aux cuisses et aux omoplates des briques de four ; les maigres Arabes me regardaient cuire à grand feu. Je souffrais en silence, par fierté ; mais j’étais si malheureux, que je m’étonnais qu’à la vue d’un si injuste martyre le sphinx ne se dressât point sur ses pattes de derrière.

Le mari retint le soir même, par téléphone, une chambre à Mena House. Un portier que je comblais de bakchiches me l’apprit à temps. Nous eûmes la bonne idée de nous enfuir en tramway, mêlés à la foule bariolée des fellahs et des étudiants arabes. L’autre, qui accourait en auto, nous rencontra sans nous voir…