Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Peur ? Je me mis à rire, monsieur. Peur, moi ! Je me redressai, l’air costaud en balançant mes poings ainsi que des pains de ménage. En même temps, je regardais au loin, donnant à ma figure une expression de froide intrépidité, quelque chose comme la physionomie d’un capitaine de vaisseau qui, du haut de sa dunette, scrute un horizon menaçant. Je devais être grotesque. Mais les femmes, heureusement, ne voient point ces choses avec nos yeux :

— C’est bien, dit-elle, d’un ton où il y avait de la surprise, et, j’en pourrais jurer, une nuance de respect. Je n’ai pas seulement vu mon mari, ajouta-t-elle, je lui ai parlé. Il est venu pour vous tuer.

— Non ?

— Si !

Me tuer ! Je n’ai jamais eu peur d’un homme, monsieur, et, si quelqu’un devait m’effrayer, ce ne serait pas cette mauviette de mari-là. Me tuer !