Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/179

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Voilà qui, d’un coup, me remplit d’une espèce d’enthousiasme chorégraphique. Je valsais, positivement, sous les regards de la place Henri-Seguin, dont je devinais les cent paires d’yeux braquées derrière les auvents stupéfaits.

— Mais tenez-vous donc tranquille, dit-elle.

— Impossible, criai-je, je suis trop heureux. Ah ! nom d’un chien ! ce n’est pas trop tôt. Je ne suis pas fâché, belle dame, de vous montrer que ce n’est pas la crainte qui me fait courir dans l’existence, entre deux valises avec un plaid sur les épaules. Qu’il vienne, il peut venir. Nous allons passer un moment agréable.

Et je boxais le vide, et je refoulais l’air printanier d’un coup de chausson, tandis qu’un vieux civil à barbiche ôtait sa pipe de sa bouche pour mieux observer cette monstrueuse gambade. Ma compagne riant à pleine gorge m’arrêta en disant :

— Il ne viendra pas. Il est reparti.

— Reparti ?