Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/234

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Malgré tout, elle ne peut s’empêcher de l’attiser, ce désir qui lui fait peur. Elle apporte au choix de ses corsages, un soin diabolique. À chaque instant, elle me frôle la main de son bras nu. Elle va s’asseoir devant l’unique piano dans le petit salon de l’hôtel ; elle m’appelle, j’arrive et elle me place à sa droite de telle manière que, pour tourner les pages, je suis obligé de me pencher sur sa nuque chaude et capiteuse.. Je pâlis, il m’arrive de chanceler. La volonté me fuit ; un gros soufflet de forge gronde dans ma poitrine… nous sommes seuls… malgré moi, mes bras se soulèvent ; mes grosses mains se tendent vers sa taille, je m’approche, je respire le cou doré et embaumé… Elle se lève d’un bond en battant des mains et en riant. Et je n’ai ni la force de rire, ni le courage de m’en aller — ou de lui donner la fessée.

Il y a mieux ou pis. Comme si elle craignait de ne point assez m’échauffer le sang, elle a entrepris de me parler d’amour. Ah ! non pas lorsque nous