Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/240

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çon d’or. Il faisait très chaud, dans cette chambre d’un luxe vieillot et calfeutré ; et le parfum qui rôdait, portait vers moi, dans l’air immobile, une odeur de femme blonde, tandis qu’un épais silence nous encourageait au plaisir.

Je la désirais tellement qu’à la voir ainsi, devant moi, à portée de ma main, j’éprouvais une convoitise presque animale, un besoin d’elle qui me séchait la bouche et m’enfiévrait ainsi que doit le faire au pèlerin assoiffé l’approche d’une murmurante oasis. Mes mains tremblaient et je me sentais des piqûres à la racine des cheveux. Par un miracle de l’amour, j’éprouvais le trouble inoubliable et délicieux du collégien qui, avec l’aide d’une amie de sa mère, va couronner ses études.. À mon âge, monsieur, et après quinze ans de bars, de petites cabotes et de restaurants nocturnes ! Ah ! la belle minute !

Par malheur, les femmes même en chemise ne connaîtront jamais le prix du silence. Celle-ci