Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/241

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parla ; et non point pour me vanter son passé, jusqu’alors irréprochable, ni pour appréhender que je ne la méprisasse ensuite, ni pour m’adjurer de l’aimer jusqu’à la mort. Cela ne m’eût point étonné ; je m’y attendais, mes réponses étaient prêtes, bien en ordre ; déjà je pensais jeter à l’assaut du dernier réduit les irrésistibles serments, le bataillon de choc des promesses éternelles… Soudain, j’entendis la voix de la bien-aimée. Et cette voix murmurait :

— Sois heureux, mon gros !

Pas un mot de plus. Pas un mot de moins.

De même qu’il suffit d’une brève ondée pour éteindre l’incendie qui dévore une forêt, de même, cette petite phrase de rien du tout mit fin, dans l’espace d’un soupir, à l’embrasement d’un citoyen du poids remarquable et contrôlé de cent sept kilos huit cents.

Une seconde, pas davantage ! J’étais refroidi. Ce « mon gros » avait tout gâté ! Oh ! non