Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/242

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pas, assurément, que ces mots eussent touché le point sensible de mon amour-propre. Ne me croyez point si sot ! Mais ils m’avaient, hélas ! tout à coup rappelé au sentiment de ma disgrâce ; une clairvoyance malencontreuse me montrait, comme je l’eusse pu voir au fond d’une glace, mon propre individu dans l’appareil de la volupté ; je me voyais en imagination dépouillé d’un ajustement destiné à dérober ce qu’il se pouvait de mon ampleur aux regards d’autrui. Enfin, je redoutais la surprise de mon amoureuse — et son rire donc ! — à la vue d’un caleçon mauve, tendu à craquer sur les sphères bouffonnes de ma panse et de mon postérieur.

Voilà pourquoi je reboutonnai très vite mon gilet ; et, en trois pas, sans un mot, je quittai la chambre.

Tout est fini. Jamais une femme ne pardonne un affront de ce genre. Peut-être, si je ne crai-