Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/31

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bonne tête, car, avec des yeux encore rougis de larmes, elle se mit à rire, mais de ce rire que seuls ont eu l’avantage d’observer les gros messieurs placés dans une semblable position. J’ai dû pâlir. Cela la calma et même l’attendrit :

— Allons, reprit-elle, vous êtes un bon gros. Vous allez faire votre valise et vous irez m’attendre à la gare de Cannon-Street. Nous partirons ce soir pour Paris. Je m’occuperai de tout. Faites vite.

Je demeurai planté devant elle, les bras ballants, la bouche ouverte :

— Vous ne comprenez pas ?

Je secouai la tête :

— Je veux m’en aller, sans mon mari, vous comprenez, sans-mon-ma-ri, et le seul moyen de l’éviter, c’est de me cacher ici. Je suis certaine qu’il me cherche déjà. Il a préparé sa grande scène, il a composé le visage de circonstance. Mais, cette fois, je n’entendrai pas la pièce. Écou-