l’autre côté de la rue par le tenancier des bains, comme je le sus plus tard. C’est là que la clientèle martyre venait se refaire et se consoler. Elle venait en courant entonner la bière fraîche et mousseuse, reprenait sans retard son humidité naturelle et son poids normal. Je garde de ces expériences un souvenir assez agréable, car la bière était excellente. Je les eusse certainement prolongées, si l’implacable bascule ne m’avait tout à coup révélé un nouvel excédent de bagage.
Alors commença pour moi l’ère de la gymnastique suédoise. Chaque matin me voyait, nu comme un bel œuf rose, au milieu de mon salon. La pantomime commençait : j’étais un prophète battant l’air de ses bras, puis un Bouddah s’accroupissant pour remonter avec lenteur vers le ciel ; puis, couché sur le tapis, un noyé qui tend ses orteils hors de l’eau, puis Adam étendant les bras pour savoir s’il pleut ; je roulais, je rampais, bondissais et je n’étais plus ensuite qu’un gémis-