Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/50

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sant catalogue de toutes les espèces de courbatures connues depuis les premiers âges de l’humanité.

Cette fois-là, je maigris un tout petit peu. D’ailleurs je croyais avoir beaucoup changé ; autre illusion d’optique, que j’entretenais vis-à-vis de moi-même avec une mauvaise foi complaisante. Je plaçais ma figure, pour la regarder, dans cet éclairage coupant, où les photographes placent les clients épris de peinture hollandaise, cet éclairage vertical qui, atténuant les lumières, épaississant les ombres, donnerait à une motte de beurre l’aspect d’un visage de Rembrandt. Ainsi je conférais à mes traits un caractère qui m’enchanta, jusqu’au jour où je mis le pied sur la fatale bascule…

Alors, je me fis jeûneur et vécus dans l’austérité, la faim, l’inertie et la macération. Plus de chocolat du matin ! Plus de toasts beurrés ! Je me privais de tout, je mangeais sans boire, je vivais de viandes grillées et de croûtes de pain,