Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/61

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du bain devant moi sans que peut-être sa nudité me troublât plus que l’image de la nymphe républicaine que voici, gravée sur la bande de ce paquet de tabac. Nous étions des copains, et je vous le dis parce que c’est vrai. À huit heures et demie, dans le wagon-restaurant du rapide Londres-Folkestone je dînais, sans appétit, en face de la même femme — et je l’adorais !

Ce soir-là, et la nuit qui suivit, j’ai parlé pour six mois. Je n’ai pas eu, depuis, besoin de changer ou d’ajouter un mot à mes paroles.

Elle avait tout de suite commencé son jeu, tantôt l’éclat de rire, tantôt le sourire et le regard en coulisse, sous les cils baissés. Je me méfiais, vous pouvez le croire, et de cette femme plus que d’aucune autre. Elle aimait son mari, et je le savais. Notre fuite ne devait être, tout bien pesé, qu'une comédie de femme jalouse qui, le lendemain, recouvrerait un sang-froid de vieil avoué. Sûrement, à l’heure de la réconciliation, on ferait