Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/107

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VI


Le commandant vint à Paris, pour plusieurs semaines, dans les premiers jours de juillet. Peut-on dire qu’en rentrant il surprit sa femme ? Avant chacune de ses absences, elle savait la date, et presque l’heure où son bateau rallierait Marseille, celle-ci pouvant, selon la mer plus ou moins varier, mais un retard de quelques jours étant l’exception. Cependant, lorsqu’elle tint la courte dépêche qui précédait son signataire environ d’une nuit, Hélène dut faire, en la posant sur son chiffonnier, un léger effort de mémoire pour s’assurer qu’elle arrivait sans aucune avance.

Jamais, vraiment, elle n’avait moins attendu Michel. Jamais encore comme à cette heure elle n’avait senti à quel point, dans la vie, il lui manquait peu. Si, d’ordinaire, elle accueillait ses retours sans fièvre, le plaisir de revoir un bon compagnon les lui rendait chers, malgré tout. L’estime avait suffisamment de pouvoir en elle pour suppléer de la façon la plus délicate l’amour qu’elle n’avait jamais eu.