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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

fleurs que l’on prendrait assez facilement pour de petits mouchoirs de poche de femme élégante. Mais, enfin, c’est un bon exercice d’élève !

Hélène laissa tomber :

— Vous êtes sévère !

— Le crois-tu bien ? interrogea M. de Kerbrat avec un sourire malicieux, amusé qu’il était de cette épithète dont, jusque-là, pas une personne de sa connaissance ne l’avait encore gratifié.

— Mais, certainement ! dit la jeune femme. Oui, par exception ! Moi, je trouve Marc, déclara-t-elle, en constant progrès. Voyez donc ce feuillage, s’il est délicat, et cette bonne femme, au bord de l’eau, comme elle est construite ! Certains détails sont négligés, mais volontairement, pour, je suppose, mettre en valeur les points essentiels. Il se donne, cet enfant, une peine infinie !

— Ce n’est pas une raison pour qu’il me surprenne ! articula, les mains croisées, le vieil historien, en agitant de droite à gauche sa crinière chenue avec un paisible entêtement. Tu sais qu’en art, je n’admets pas la médiocrité. Marc deviendra, s’il persévère, un bon amateur, mais jamais un artiste au plein sens du mot. Jamais un vrai maître, un grand peintre ! Il s’en faudra d’une quantité de petites nuances que ton œil, comme le mien, saisit forcément. Le travail peut donner plus ou moins d’adresse, mais pas une seule des qualités qui ne s’acquièrent pas !

C’était en propres termes, ou peu s’en faut, ce qu’Hélène avait dit, en octobre, à Marc pour