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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/133

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

l’éloigner de la peinture, dont il voulait vivre, et lui faire choisir une carrière. Elle s’en souvint et, tout à coup, ses propos d’alors lui parurent affreux d’injustice. L’éclair d’une foi qui s’ignorait surgit dans ses yeux, en même temps qu’un pli dur lui pinçait la bouche. Elle se retourna vers son père.

— J’ai pensé, lui dit-elle, un instant comme vous. Oui, peut-être en vertu de cette prévention qui jette encore de la méfiance et du discrédit sur les vocations artistiques ! Mais, aujourd’hui, mon opinion s’est bien modifiée. Marc a du talent, j’en suis sûre ! Vous conviendrez que, de nous deux, si quelqu’un se trompe, il y a toutes les chances pour que ce soit vous, qui le jugez sur des pochades sans grande importance… alors que moi, reprit Hélène, moi qui l’ai suivi…

Le gentilhomme, interloqué par cet argument, fit une moue de pitié et haussa l’épaule.

— Voyons, mon enfant, rends-toi compte…

— N’insistez pas ! s’écria-t-elle. C’est tout vu, mon père !

— Eh ! bien, alors, n’en parlons plus ! fit-il d’une voix douce.

Excepté sur des points si insignifiants que leurs querelles les plus ardentes duraient une minute et se terminaient par des rires, ils se trouvaient en désaccord pour la première fois. La question cessa d’être agitée entre eux et, par la suite, ils évitèrent méticuleusement toute occasion de la reprendre, avec ou sans fièvre. Cette expérience