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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

rose, se rasséréna. Hélène comprit que sa danseuse l’avait apaisé, qu’elle avait mis au compte du feu que montraient certains ce qu’il craignait qu’elle n’imputât fort injustement à une maladresse de sa part.

La danse finie, elle prit sur elle pour ne rien trahir de l’état déplaisant où elle se trouvait. Marc babillait avec entrain. Elle lui répondit. Dans ses paroles, elle affectait beaucoup d’insouciance et sa gaieté sonnait toujours au moment voulu, bien qu’avec un accent très légèrement faux. Cependant, ses regards se coulaient sans cesse vers la dame blonde, en robe écaille, assise non loin d’elle. Tout à coup, se penchant et l’observant mieux :

— Mais, se dit-elle, c’est une vieille femme ! Elle est toute fânée !

Près de l’oreille, au coin des lèvres, à la commissure des paupières, également dans un pli que formait le cou lorsque la tête s’orientait d’une certaine façon, Hélène venait d’apercevoir de ces meurtrissures qui, même fardées, blessent aussi vite un œil féminin que le mince défaut d’une étoffe. Sans doute, aucune n’était empreinte avec profondeur, ce qui rendait fort difficile de fixer un âge à cette personne plus élégante que vraiment jolie. L’œil était vif, le menton sec, le nez restait pur, d’autre part, la tournure, étonnamment jeune, compliquait encore le jugement. « Entre quarante et quarante-cinq, » estimait Hélène qui, brusquement, se décida pour quarante-