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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

cinq ans, sur le vu de la main, belle, mais décharnée. « Quarante-cinq, » reprit-elle, « si ce n’est cinquante ! » Cette assurance qu’elle se donnait lui fut agréable et calma en partie ses appréhensions. D’ailleurs, la salle retentissait d’un nouveau prélude. Marc était debout, l’invitait. Elle cessa de penser pour s’unir à lui.

La glace de coin ne l’avait pas reflétée trois fois que, ressaisie par la confiance et l’exaltation qu’elle puisait à loucher vers sa propre image, elle avait oublié ce faible incident. Mais le répit, bien qu’absolu, fut sans grande durée. Deux jours plus tard, en pénétrant au Sémiramis, elle revit la même femme dans une robe gros bleu. Un quart d’heure s’écoula, Marc la fit danser et, de nouveau, le cœur d’Hélène subit une tourmente. La première, impétueuse, mais inattendue, l’avait sommairement bouleversée. Celle ci, moins forte et plus perfide, la ravagea mieux, touchant en elle des points secrets qu’elle connaissait mal ou qu’elle supposait à l’abri. Ce n’était plus dans l’expression du visage de Marc, dans son air, sa couleur et son rayonnement qu’elle trouvait un prétexte à ses inquiétudes, mais de ses yeux, mais de l’ardeur qu’elle y voyait luire que, positivement, elle souffrait. Combien, d’ailleurs, toute la personne de l’adolescent accusait son zèle et son trouble ! Et qu’elle-même les notait avec certitude ! Qu’elle devinait embarrassées, rien qu’à leur vitesse, les réponses qu’il jetait à sa partenaire ! Une autre danse, et des plus libres, un moment après, les