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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Hélène reçut un choc atroce, mais elle se contint.

— Comment sais-tu son nom ?

— Elle me l’a dit.

Il était devenu d’une extrême rougeur.

— J’aime à croire qu’elle te plaît ! répartit Hélène. Si tu savais comme tu es drôle, quelle figure tu prends, de quels soins tu entoures cette coquette personne quand elle te fait l’insigne honneur d’accepter ton bras ! Dans mon coin, par instants, j’en riais toute seule.

Il déclara en regardant sa belle-mère en face :

— Je la trouve gracieuse ! Elle danse bien !

— Oui ?… C’est égal, fit la jeune femme, elle n’est pas trop fraîche ! Pour un artiste, ajouta-t-elle, comme tu prétends l’être, il y a pourtant mieux sans chercher bien loin !

Ce dernier trait avait jailli tout naturellement, sans qu’elle eût mesuré sa secrète portée. Soudain, quel malaise la saisit ! Dès le début de l’entretien, pour cacher son trouble, elle avait commencé, en parlant à Marc, à dépouiller, comme tous les soirs, sa toilette de ville. Se montrer devant lui en combinaison était pour elle pratique courante depuis tant d’années qu’elle eût tenu pour imbécile, une minute plus tôt, non de s’en faire quelque scrupule, mais même d’y songer. Et voici qu’elle baignait dans la confusion ! Sa gorge nue, vue dans la glace, lui faisait horreur comme une formidable indécence et elle n’osait gagner son lit, distant de trois pas, sur lequel reposait sa robe d’intérieur. Il lui semblait qu’à se mouvoir en simple appareil