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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

ayant réunis pour la seconde fois, Hélène, avec avidité, presque avec passion, scruta de loin, tant qu’elle dura, les regards de Marc, recherchant les symptômes qui l’avaient émue. Ils réapparurent plus marqués.

Elle se garda d’y faire encore aucune allusion. Son cœur était si lourd, sa chair si molle qu’il lui semblait qu’à s’y résoudre elle aurait pleuré avant d’avoir dit un seul mot. Puis, comment aborder dans un lieu public une question qu’elle jugeait d’une telle importance ? Par quel bout la prendre, au surplus ? « À la maison, » réfléchit-elle, « ce sera plus simple ! » Interrogeant, toutes les minutes, furtivement sa montre, elle attendit l’heure du départ sans vouloir danser, prétextant la fatigue et des névralgies. Dans son esprit s’enchevêtraient toutes les apostrophes par une desquelles pourrait s’ouvrir leur explication. Mais, vraiment, l’impatience la tourmentait trop ! Elle prit une voiture pour rentrer. Aussitôt dans sa chambre, elle arrêta Marc qui, justement, la traversait pour gagner la sienne, comme il le faisait fort souvent, et lui jeta d’une voix légère qui tremblait un peu :

— Eh ! bien, j’espère que tu t’en paies, avec la dame blonde !

Il parut surpris.

— Quelle dame blonde ?

— Voyons, cette femme entre deux âges… plutôt mince que forte…

— Ah ! oui, fit-il sans réfléchir, madame Aliscan !